Bienvenue dans le monde de la permafinance
Connaissez-vous « Futurs Proches » ? Et la Permafinance ?
Le 6 avril 2023, Marjory Malbert découvrait Futurs Proches et participait à un de leur atelier. Une très belle expérience pour changer les imaginaires et écrire de nouveaux récits sur le Monde de demain … et dans le cas présent : la permafinance !
Facilité par Sophie Marotel et co-écrit à plusieurs mains en distanciel avec Anne-Laure PAOLI, Helene HACHE et Adrien DEGOUVE – en partenariat avec Maxime Barluet de Beauchesne – voici un exemple de nouveaux récits.
Thème de l’atelier : Et si demain, les entreprises vivaient au rythme des saisons ?
Un processus en grand groupes et petits groupes – collectif et individuel —
Juste MAGIQUE !!
A expérimenter.
Nous avons réinventé le Monde de la Finance … durable : la Permafinance !
Qu’en pensez-vous ? Et si la finance prenait cette direction ??
« Arthur revient dans son entreprise à Wall Street, le quartier d’affaires de New-York, après 5 ans de retraite en Bretagne où il a été mis au repos forcé suite à son burn-out.
Il fait frais mais beau … en ce 6 avril 2050, au début du printemps.
Il arrive devant ses bureaux et là c’est le choc : tout est calme dans les rues. Il ne reconnaît pas le quartier ni son bâtiment qui est tout végétalisé. Les oiseaux chantent. Les arbres bourgeonnent. Tout est propre et paisible. Les New-Yorkais sont peu nombreuses et nombreux, avec de beaux sourires qui le perturbent. Il ressent comme un sentiment de quiétude mêlé à un sentiment d’inquiétude. Mais que s’est-t-il passé ? Est-ce que je rêve ?
Encore tout perturbé, il sent la sueur couler par-dessous son 3 pièces noir. Il repense au jour où il est « tombé » dans la salle des marchés et où tout est devenu noir…
En entrant dans le bâtiment, renommé « Lieu de vie de la finance durable », pas un bruit. Ça sent bon. De belles photos de la Nature sont affichées au mur.
– Bonjour, je viens pour l’annonce 45 665 E. Dans quel service dois-je me rendre ? A quel étage, s’il-vous-plait ?
Son mentor arrive. Il ne le reconnaît pas. Il s’est affiné. Son visage est paisible.
– Bonjour Roland. Mais que se passe-t-il ? Dites-moi que je rêve. Que s’est-t-il passé ?
– Je vais t’emmener dans ton bureau, où tu pourras te changer. Suis-moi, nous allons prendre les escaliers.
Et là, nouveau choc. Son bureau ressemble à un établi avec une combinaison de « potager ». Mais que s’est-t-il passé ? se demande-t-il, Je rêve ? Est-ce la réalité ?
– Des bottes et une combinaison ? Je crois qu’il y a erreur. Pour quoi faire ?
– C’est la formation, ne t’inquiètes pas. Tu pars apprendre à semer, bêcher et au fur à mesure, tu auras tout loisir de te positionner sur une des activités de l’entreprise, et d’en changer à loisir aussi.
– Mais je ne comprends rien. Quand vais-je en clientèle ? Je ne vais pas y aller avec ces habits ?
– La grande semaine de rencontre avec nos clients a lieu dans 3 mois. Nous avons une semaine entière de repos avant et après, pour que ce soit un grand moment de partage et pour renouveler leur confiance.
– C’est incroyable ! On ne les voit qu’une semaine par an ?
– Oui, et c’est pour ça que tout le monde est uni vers ce même objectif ! Fini les nocturnes ! Fini les journées passées devant l’ordi ! Fini les rendez-vous ! Fini Excel !
– Vous voulez dire que tous les raccourcis que vous m’avez appris, ça ne sert plus à rien ? C’est une blague ! C’est une grosse blague ! C’est une journée full remote, c’est ça ? Je peux bosser de chez moi, si c’est ça, j’ai un quadruple écran.
– Déjà, arrête de me vouvoyer. Désormais, le tutoiement est la norme. L’Humanité, mon ami. Ensuite, tu peux faire joujou avec ton quadruple écran, si tu veux, mais les semis, ils ne vont pas se planter tout seuls. Avec toutes les graines qu’on a récoltées l’été dernier, il y a du pain sur la planche.
– Mais nous sommes en avril. Vous avez … heu … tu as eu le temps de planter les graines, nan ? Allez, arrêtez … arrête tes bêtises, pardon. La bourse de Tokyo est ouverte depuis 4 heures. Je n’ai pas que ça à faire, moi.
– T’as peut-être pas que ça à faire, mais nos sociétaires nous font confiance. S’ils nous ont confié leur argent en septembre, c’est pour faire fructifier leurs graines et leur rendre l’argent après la moisson en septembre prochain.
– Bah on l’investit leur argent. Je te rappelle que pour semer, il y a des agriculteurs. C’est leur métier ! Allo …
– Retombe sur terre. Après la dernière Assemblée Générale, c’est le meilleur moyen qu’on ait trouvé pour rendre à nos clients leur argent tout en assumant nos obligations d’utilité sociale.
– Bravo, les mecs ! Donc si je sème jusqu’à l’été, je pourrai me payer des nouvelles bottes à la rentrée ?
– NOUS pourrons nous payer de nouvelles bottes ! Allez mets ta combinaison et tes bottes.
Et là, Arthur comprend la raison pour laquelle il a été rappelé dans l’entreprise : rien à voir avec ce qui a fait son succès passé. Ce n’est pas l’agressivité commerciale qui faisait sa réputation, ce ne sont pas les trophées ramenés à l’entreprise au prix de sa santé et de celle de son équipe qui lui valent d’être là.
L’entreprise s’adresse à l’Homme, au Sage qu’il est, qui a mis sa terre intérieure en jachère, qui a fait retraite un long hiver de 5 années pour reconstituer ses forces. A l’Homme, qui sent aujourd’hui la sève monter en lui, des projets plein la tête pour semer.
Son mental bute encore face à ce nouveau paradigme, mais son corps a déjà compris, lui. Sa respiration se fait plus ample, sa main vient instinctivement desserrer le col de sa cravate et l’enlever. Le voilà qui se synchronise au printemps dehors, au pouls de l’entreprise, cet organisme vivant dont il ressent à présent les pulsations.
Il est prêt … »