Le sport, un outil RH

Suite de notre série découverte « Sport et entreprise ».

Après un parcours dans l’événementiel sportif pour les entreprises, Marjory Malbert décroche un Master en Marketing International Sportif à l’ESSEC en 2011. En 2013, elle crée We Sport You, une agence de conseil en stratégie « Sport & Entreprise ». Son objectif  : donner une nouvelle dimension à la culture corporate, aux pratiques managériales RH et aux stratégies d’entreprise par l’intégration du sport. Elle se définit elle-même comme un connecteur entre le sport et l’entreprise.

Apent : Marjory Malbert, on entend souvent parler de sport en entreprise. Où en est-on dans ce domaine ?

Marjory Malbert : La dynamique ‘Sport en entreprise’ commence à être présente. On en parle davantage et les organisations se mettent en mouvement.

A :  Les bienfaits du sport en entreprise sont-ils prouvés ?

M.M : Jusqu’en septembre dernier, nous ne disposions pas de données françaises démontrant ses effets. C’est chose faite grâce au MEDEF, au CNOSF et à AG2R LA MONDIALE qui ont dévoilé en septembre 2015 la première étude concernant l’activité physique et sportive et ses bénéfices pour l’entreprise, le salarié et la société. Elle confirme que c’est un levier de compétitivité. C’est très positif car désormais les dirigeants et le DRH vont pouvoir s’appuyer sur ces chiffres pour encourager la pratique sportive au sein de leur organisation. C’est l’opportunité pour le sport de s’imposer comme un outil RH intelligent.

A : Y a-t-il beaucoup d’entreprises qui utilisent le sport comme un outil RH ?

M.M. : Encore trop peu et il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, ce n’est pas culturel. Notons qu’en France, le sport est supprimé ou optionnel lors des études supérieures. Son exercice n’est plus facilité. Deuxièmement, lorsqu’on parle du sport en entreprise, on pense davantage à la pratique sportive comme loisir qu’aux bénéfices qu’il peut apporter par exemple dans la formation ou le recrutement. Un troisième frein que l’on peut observer : les entreprises ont une approche court-termiste, focalisée sur le ROI et ont du mal à identifier à qui confier les événements sportifs : Direction Générale, RH, CE ?

A : Concernant les entreprises qui ont franchi le pas et qui s’intéressent au sport, que font-elles ?

M.M. : Pour celles qui ne le faisaient pas encore via leur CE, les entreprises s’engagent dans des démarches de ‘qualité de vie au travail’ ou ‘RSE’ en finançant l’inscription dans un club sportif ou la participation à des compétitions. Leur objectif est de prévenir les risques psychosociaux, de réduire le turnover et l’absentéisme. Le sport en entreprise améliore aussi l’environnement de travail : plus de cohésion d’équipe, de moments de partage et de convivialité. De fait, les collaborateurs sont moins stressés, plus motivés pour venir travailler et donc plus engagés et performants. C’est sur ces aspects du sport qu’il y a une importante demande. Personnellement, je m’intéresse également à une autre approche : le management RH par le sport et les valeurs qu’il transmet.

 

 
 

A : Et y a-t-il des demandes concernant le management RH via le sport ?

M.M. : Cela existe. Cependant, c’est principalement mené par des coachs et des sportifs de haut niveau. Ils font des conférences et des activités de team building, souvent sur les thèmes du management, de la cohésion d’équipe ou de la performance. Mon approche est différente puisqu’elle est intégrée. J’interviens sur l’ensemble du parcours RH du collaborateur : du recrutement à la formation, en passant par l’intégration et l’implication. J’inscris donc ma démarche sur le long terme avec l’entreprise.

A : Pouvez-vous nous donner des exemples de management RH via le sport ?

M.M. : Par exemple, j’organise des programmes « Team Form’Actions » qui allient des ateliers collaboratifs et du team building à la formation. J’essaie au maximum de décloisonner les services pour favoriser la communication et le travail en équipe, promouvoir la diversité et le savoir-être, développer la créativité et l’entreprenariat des collaborateurs. Cela permet dedévelopper les performances des collaborateurs et donc la satisfaction des clients.

A : Y a-t-il beaucoup d’entreprises qui ont des projets ressources humaines sur le long terme autour d’événements sportifs ?

M.M. : Les projets RH qui s’inscrivent sur le long terme commencent doucement à émerger. Cela dépend beaucoup des dirigeants, de la taille, du profil et du secteur d’activité de l’entreprise, de la place du dialogue social… Pour les plus avancées, nous franchissons une nouvelle étape : passer d’une phase ‘one-shot’ et non structurée, à l’intégration du sport dans la durée et dans l’ensemble de la supply chain RH. Cela renforce le lien avec l’ensemble des parties prenantes : salariés, futurs collaborateurs, clients… C’est une approche plus intégrée et cohérente.

A : Concrètement, que faites-vous lorsque vous intervenez en entreprise ? Faites-vous office de consultante ? Organisez-vous des événements ?

M.M. : Je me positionne comme un connecteur concret entre le sport et l’entreprise. Mon objectif est de transmettre la feuille de route la plus claire et la plus précise possible qui réponde aux valeurs et à la culture corporate. Les RH pourront ensuite piloter le « Sport en Entreprise » avec leurs collaborateurs en définissant les rôles de chacun, en mettant en place les événements, en communiquant sur les actions à l’ensemble des parties prenantes.

… prochain épisode “Sport et recrutement, recrutez une équipe plutôt que des individualités